Ny-Alesund, Svalbard, archipel du Spitzberg
Le regard de l’Œil du Mollusque pour surveiller l’Arctique
l’Œil du Mollusque est installé en Arctique à un peu plus de 1000 km du Pôle Nord, à Ny Alesund exactement, depuis début novembre 2011. Un des buts est de participer au suivi, à travers de l'analyse du comportement de pétoncles arctiques (Chlamys islandica), de l’impact sur la faune marine locale des changements environnementaux que subit notre planète (météo locale). La mise en place a été réalisée avec Akvaplan Niva (Lionel Camus), UNIS (Jorgen Berge), le NPI (Norwegian Polar Institute; partenaire du projet) et les conseils et l'expérience des permanents locaux de l'IPEV (AWIPEV)
Ny-Alesund est le site de peuplement le plus nord de la planète. Il est localisé sur la côte ouest du Spitzberg, la plus grande île de l'archipel du Svalbard et s’est développé autour d’une idée de village scientifique international (Kings Bay AS). Différentes nations sont représentées dont la France par l’IPEV. Les ours polaires y viennent aussi (la preuve en vidéo)
Nous avons réalisé 3 implantations. Début Novembre 2011, dans la nuit polaire, nous avons déployéun 1er valvomètre HFNI. L'appareil a été équipé de 16 pétoncles et a émis à partir du 10 Novembre 2011. Il a été détruit 42 j plus tard lors d'un coup de vent par la manip de collègues malchanceux. Un iceberg est venu finir le travail plus tard en tordant des poutrelles métalliques. En mai 2012, dans le jour polaire cette fois, tout le monde est remonté pour réparer et remettre en place une nouvelle installation. L'installation a fonctionné en automie jusqu'à Janvier 2016, démonté par une mission Norvégienne. En Avril 2016, 3ème installation qui dure jusqu'à aujourd'hui.
2011 et 2012, n'étaient pas les 1ère missions à Ny Alesund. En Mars 2008, l’Œil du Mollusque, hébergé par l’IPEV, avait déjà participé à une réunion intitulée « Kongsfjorden System Workshop ». Le but était de mettre en place les bases d’un projet visant à faire du site le 1er centre de recherche international Arctique pour le suivi environnemental à long terme. Deux mots clés étaient mis en avant : changement climatique et pollution arctique. Trente cinq scientifiques, représentaient 13 pays, avaient été réunis sur invitation (Allemagne, Chine, Corée, France, Inde, Italie, Japon, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Royaume Uni, Suède, USA). Quelques temps avant, Ny-Alesund avait été déclaré par l’Europe "vaisseau amiral, flagship" pour ce type de recherche. Aujourd’hui on sait que des outils nouveaux, adaptés pour faire ces suivis environnementaux sont nécessaires pour rechercher, mettre en évidence et documenter les changements associés au réchauffement global et aux pollutions en Arctique. On sait aussi que les eaux y recèlent une faune et une flore certainement très sensible à cause d’une spécialisation particulière aux eaux froides. Le paradoxe, est qu’en dépit de l’urgence du problème, on connait très peu de choses sur ces espèces, leur physiologie, leurs rythmes biologiques... C'est bien sur en grande partie à cause des difficultés expérimentales liées aux conditions extrêmes, froid, vent et nuit polaire. La connaissance de leur sensibilité à la température et aux pollutions est aussi totalement fragmentaire. Il y a donc un gros besoin de données pour estimer des risques, des impacts, trouver des organismes sentinelles. Les techniques "abandonnées", où on installe du matériel au nord puis on fait des analyses au chaud plus au sud, sont donc les techniques d'avenir là haut.
L'écophysiologie des bivalves, l'expression de leurs rythmes biologiques (la luminosité en direct), leur réponse face au réchauffement global (la température de l'eau en direct), leur utilisation en écotoxicologie sont des sujets qui intéressent notre équipe. C’est dans ce contexte, de surveillance des eaux dans le milieu arctique face aux risques associées aux développements industriels actuels, que le projet Œil du Mollusque a été particulièrement bien accueilli. On voit dans les attendus du colloque qu’il apparait comme un outil analytique au potentiel particulièrement intéressant pour faire de l’exploration et du suivi environnemental sur le long terme, tout au long de l'année. Les bivalves que nous avons installé, visible en quasi-temps réel sur le site de l’Œil du Mollusque, permettent donc pour la 1ère fois d'apporter des informations biologiques 24h/24 (mise à jour quotidienne) sur la vie de ces animaux, et s'il y en a, l’impact du réchauffement et de pollutions apportés par les dépôts aériens et les courants marins.
On parle là haut de « pluies de mercure » comme source de la contamination mercurielle Arctique. Le mercure touche toute la chaine alimentaire et en final, les ours polaires qui n’avaient vraiment pas besoin de ça !
Un joli film sur la faune sous marine de l'Atlantique Nord.
D'autres photos sur le Svalbard Le site
Les missions Ny Alesund sont réalisés dans le cadre d'une collaboration CNRS, Université Bordeaux 1, Akvaplan Niva - NPI - UNIS - Bates College (USA). Elles ont bénéficiées de financements à travers le projet Statoil-ARCTOS Arctic Research Programme et du NFR (The Research Council of Norway). L'IPEV nous a hébergé en 2008.
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